#Féminisme#Maternité

Être ou ne pas être mère

Être ou ne pas être mère. Qu’on choisisse d’avoir un enfant ou non, dans les deux cas, on est perdante.

Notre société attend des femmes qu’elles deviennent mères, mais si une femme fait de son bébé la partie la plus importante de la maternité, alors là, elle est folle ! Revenez sur terre, les filles.

Celles qui ne veulent pas d’enfants et désirent être stérilisées sont baladées de thérapeutes en docteurs en cliniques pendant des années avant de prouver enfin que non, vraiment, elles ne veulent pas d’enfants. A Noël, les proches nous balancent des « Tu finiras par trouver la bonne personne, et vous aurez plein d’enfants, tu verras ! » Et peu importe si on est déjà en couple. Si tu ne veux pas d’enfant, c’est que quelque chose ne va pas chez toi. D’un point de vue évolutionniste, on devrait avoir envie de mélanger son ADN exceptionnelle avec une autre ADN exceptionnelle. On devrait avoir envie de créer un minuscule petit être, à peine plus évolué, et l’emmailloter dans la couverture que Mamie t’avais tricoté quand tu avais cinq ans, parce que déjà à l’époque, elle savait que tu aurais une fille, et pas un garçon. Un peu de considération pour la couverture de Mamie, tu pourrais faire un effort quand même.

Et puis il y a ces femmes avec un vrai désir d’enfant. Cette perspective les enchante. Elles s’imaginent avec délice aider enfant n°1 à faire ses devoirs, tandis qu’enfant n°2 colle du chewing gum dans les cheveux d’enfant n°3. Ce sont les premières personnes dans toute l’histoire de Facebook à ne pas être agacées en voyant ceci apparaître sur leur fil d’actualités : « Nouveau Parent a ajouté 47 photos à l’album NOTRE PETITE MERVEILLE <3. Légende : Elle a mangé une chips pour la première fois ! Voilà l’intégralité de la scène, image par image LOL Tout le portrait de son père ! »

Mais lorsqu’elles réalisent leur rêve et deviennent des femmes au foyer pour s’occuper de leurs enfants, c’est considéré comme anti-féministe. Avez-vous oublié que les femmes ont dû se battre pour avoir le droit de travailler ? Comment osez-vous bazarder cet héritage en vous consacrant à vos enfants 24h sur 24 ?

Vos amies vous traiteront différemment, parce qu’elles n’apprécieront pas trop que votre enfant couvre de ses pleurs le récit de leur flirt avec BogosseauJeanSexy au bar. Cet enfant reçoit plus d’attention qu’elles. C’est tout juste si le bébé peut faire caca tout seul, parce qu’aucune des lotions pour bébés des allées 25 et 26 de l’hypermarché ne lui conviennent. Vous êtes bien placée pour le savoir, vous qui les avez toutes essayées. Mais vos amies s’attendent à ce que vous soyez aux petits soins pour elles dès qu’elles passent la tête par la porte, leur visage fardé d’un maquillage très cher, comme une princesse entrant dans son palais. Elles détestent qu’on ne s’émerveille pas devant leur immense beauté.

A chaque passage au rayon bébé, pour des gouttes contre la colique, de l’ibuprofène en sirop, du gingival, du talc ou des lingettes, quelques chose cloche. Juste là, entre les lotions bio et le shampoing pour bébé. On a discrètement placé des crèmes anti-vergetures, histoire de vous rappeler que même si vous avez donné la vie, votre corps n’est plus ce qu’il était. Vous qui vouliez simplement acheter quelque chose pour le minuscule être humain assis dans le charriot, celui qui s’amuse avec un truc qu’il a attrapé dans un rayon au moment où vous vous êtes un peu trop approchée des étagères. Vous ne remarquez rien jusqu’à ce que ce truc soit mordillé et déformé, parce que ça vous rappelle que dans un supermarché, la maternité concerne autant votre corps de mère que votre bébé en bonne santé.

Et si vous pensiez allaiter votre enfant en public, grands dieux non ! Vous n’êtes qu’une de ces mères célibataires qui cherchent à attirer l’attention, parce qu’elles n’ont couché avec personne depuis longtemps. Cachez le visage de cet enfant avec une couverture, peu importe s’il étouffe là-dessous. Personne n’a envie d’apercevoir ce sein, surtout pas les hommes : ça leur rappelle la fois où, au lit avec une femme, celle-ci voulait faire semblant de lui donner la tétée. Mais enfin, Tracy, mon mari vient juste de terminer sa thérapie à ce sujet. Ton gosse attendra !

Apparemment, que vous ayez des enfants ou non, vous êtes bizarre et dégoutante. Alors, autant faire ce qui vous plait ! Si votre truc, c’est un gamin qui vomit sur votre pyjama préféré, éclatez-vous. Quant à moi, plutôt mourir que d’approcher un nourrisson à moins de trois mètres. Et ça ne pose aucun problème.

 

 

Article original : The Politics of Motherhood publié par The Odyssey

Auteur : Leighton Meyers

Traduction: Morgane Rubbo

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